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La stratégie éducative d'El Hadji Malick Sy : une résistance culturelle
30/04/2009 00:18
Maodo et sa stratégie
La stratégie éducative d'El Hadji Malick Sy : une résistance culturelle par Bakary Ibn Cheikh SAMBE Il est bon de rappeler, à l'occasion de ce béni centenaire du Mawlud, les points marquants de la vie de nos vénérés guides souvent occultés par les innombrables éloges qu'on leur adresse et qu'ils méritent à plus d'un titre. Reflexions sur la colonisation et autres faits marquants Nous voulons, par cet article apporter une modeste contribution à l'étude de la stratégie adoptée par Seydi El Hadji Malick Sy face à la politique culturelle d'assimilation inaugurée par l'Administration coloniale. Nous ferons l'économie des éléments biographiques largement développés par d'autres études pour nous pencher, avec une approche sociologique, sur un aspect rarement pris en compte par bien de spécialistes. Nous voulons, ainsi, nous intéresser à la manière dont Seydi El Hadji Malick Sy a su déjouer le plan d'assimilation culturelle mis sur pied par la colonisation française tout en préservant la paix sociale, le dynamisme propre à l'esprit de l'islam ainsi que les enseignements fondamentaux de la tarîqa Tijâniyya.
La colonisation a eu d'énormes conséquences sur le plan social et politique. De la traite négrière à la conquête coloniale, on ne peut douter des bouleversements qui ont secoué la société sénégalaise et de leurs incidences sur son système de valeurs. D'autres parlent sans nuances, des conséquences nuisibles qu'a produites la rencontre entre des sociétés anté-capitalistes avec l'expression la plus brute d'une mentalité de profit : le colonialisme. Le tissu social aura du mal à se remettre de la destructuration brutale de la société et de ses modes d'organisation. L'ordre colonial qui, pour l'indigène n'était que synonyme d'exploitation, de travail forcé ne permettait plus à la société dominée de suivre une évolution tenant compte de ses spécificités. L'Administration française, bien que continuant son oeuvre de pacification de l'intérieur du pays, s'attachait plus aux villes : centres économiques et culturels vitaux. Les centres urbains demeuraient un véritable enjeu pour l'Empire colonial. Dans le cadre de sa résistance « passive », El Hadj Malick Sy aura d'ailleurs compris cette stratégie et s'intéressera aux villes où le Tidjânisme compte la majorité de ses disciples. Comme le soutient Iba Der Thiam, la colonisation est à la fois « une entreprise d'occupation territoriale, de domination politique et d'aliénation culturelle »[1]. C'est cette dernière forme qui focalisera l'attention des marabouts soufis tel qu'El Hadj Malick Sy. Le cheikh n'aura pas la tâche facile car la société urbaine à laquelle il s'adressa, était depuis plusieurs décennies traversée par de très profondes crises. Reprenons à ce propos la description qu'en fait El Hadj Rawane Mbaye [2]en ces termes :« Cette société était éclatée, désarticulée, rongée qu'elle était par le virus de la méfiance et parce que la solidarité du groupe avait peu à peu volé en éclats, l'individualisme y faisait une apparition de plus en plus marquée ». Et Mbaye poursuit en attribuant cet état de crise à tous ces maux qu'il énumère : « avec le travail forcé, l'indigénat et son régime de sanctions disciplinaires, les chefs de cantons et les commandants de cercles, vivant d'abus du pouvoir et d'autoritarisme gratuit, avec l'impôt et la circonscription militaire et l'introduction de valeurs, de normes de vie, de règles de droit et d'une langue étrangère, les populations violentées, terrorisées, insécurisées, avaient fini par perdre tout sens de l'initiative, toute volonté de concevoir des structures, de tout envie d'imaginer des projets d'avenir ». Ce tableau sombre que nous dresse ici l'un des plus grands islamologues sénégalais, rend suffisamment compte du degrés qu'avait atteint le malaise social. Et, chaque fois qu'une société arrive à bout de patience, dépassée face une situation donnée, elle cherche soit à combattre le mal ou recevoir un palliatif en s'identifiant à une doctrine, une religion, un saint homme d'où l'idée weberienne de domination charismatique considérée comme transitoire et passagère. Dans ce contexte, la vertu héroïque et la valeur exemplaire du guide, le marabout, redonne de l'espoir et crée une autre dynamique. Rawane Mbaye nous dit à ce propos qu' : « A tous les naufragés de ce monde en mutation d'identité où l'arbitraire régnait en maître absolu, la religion apparut comme le seul espoir de salut ». L'identité collective du groupe persécuté, on l'a vu, s'est confondue avec la religion musulmane. Dans ce contexte sénégalais, cette identité trouvera en la confrérie Tijâniyya un cadre d'expression plus que propice. Ces structures multiformes qui s'adaptent à plusieurs situations sont considérées, dans une belle métaphore, par le marabout Cheikh Ahmed Tidiane Sy Maktoum comme « les clubs mystiques où se forment continuellement les athlètes de la religion ». Cheikh El Hadj Malick Sy s'est servi de la Tijâniyya , dont il était la principale figure sénégalaise, pour remplir cette fonction. Il a fait de la pratique de l'Islam et de la vie confrérique la base de sa résistance « passive » visant à redynamiser cette société à laquelle plusieurs décennies de colonisation avait, comme le dit Césaire, « savamment inculqué la peur, le complexe d'infériorité et l'agenouillement ».La notion de résistance passive ou par la religion a, certes, de quoi surprendre en Occident, mais Seydi El Hadj Malick Sy a réussi sa mission en inscrivant la pratique religieuse dans une perspective sociale et socialisante. Autrement dit, il a su développer une conception positive de la religion au sens où l'entend Auguste Comte. Comme tout « prophète », il s'attaque aux maux de la société qui ont noms souffrance et injustice auxquels il opposera son message de paix et d'amour. Il instaurera, dans le cadre de sa confrérie un autre ordre fondé, sur les « valeurs de justice, d'égalité, de protection des faibles, des veuves, des étrangers, des orphelins, du respect du bien et de la propriété de chacun »[3]Pour ce faire El Hadj Malick Sy vulgarisera l'enseignement islamique dans de nombreux « foyers ardents » accueillant des disciples de toutes les régions du pays. L'originalité de ce soufi, fut son refus de s'attirer des disciples en accomplissant des miracles. La tradition orale lui attribue cette phrase : « Il n'y a rien de plus laid pour un homme de Dieu de se transformer en thaumaturge pour convaincre et séduire ». Il s'installa à Tivaouane qui devient, alors, à l'instar de Pire Goureye au siècle précédent, un rayonnant centre de la culture islamique. La stratégie d'El Hadj Malick Sy consista à enseigner, d'abord, la science des pratiques islamiques aux taalibés avant de s'attaquer à la mystique, phase supérieure à condition que le disciple maîtrise les notions de base. Dans cette école, le Cheikh formait ses disciples qui allaient devenir les grands muqaddam de la tarîqa. Le contrôle strict qu'exerçait l'Administration sur les structures religieuses a certainement obligé le marabout à adopter un système de décentralisation. Au lieu d'agrandir son école, cette université populaire dont parlait Paul Marty- ce qui pouvait lui attirer des ennuis de la part des autorités coloniales -, El Hadj Malick a préféré renvoyer, dans leurs régions d'origine, ses anciens disciples. Ces derniers étaient suffisamment versés en matière religieuse et pouvaient par les vertus de la tarîqa qu'ils incarnaient, représenter chez eux, le cheikh et la Tarîqa Tijâniyya et en prolonger l'action. La revue égyptienne Al-Azhar, dans une présentation d'El Hadj Malick Sy et de son oeuvre soutient que « grâce à lui, l'Islam a connu son épanouissement dans ce pays [Sénégal] en créant des écoles, des mosquées, des zâwiya, et, poursuit la revue, il a aussi formé de brillants érudits qui se sont éparpillés dans tous les coins du pays telle l'expansion de la lumière dans l'obscurité »[4] Le cheikh, comme pour contrecarrer la politique d'assimilation menée par les colons, chargera à des muqaddam, de représenter la tarîqa partout où il l'estimait nécessaire. Ainsi, il envoya Sérigne Alioune Diop Maïmouna à Gaya, Sérigne Birahim Diop à Saint-Louis, l'un des fleurons de la colonisation française en Afrique Occidentale. El Hadj Abdou Kane sera détaché à Kaolack, en plein centre du bassin arachidier sénégalais. Réalisant que ses déplacements, dans l'AOF pourrait éveiller la suspicion du Gouvernement Général, El Hadj Malick préfèra, envoyer, après leur formation, ses disciples dans plusieurs pays de la sous-région : El Hadj Amadou Bouya le représentera en Côte d'Ivoire, El Hadj Madior Diongue au Congo, Sérigne Ndary Mbaye au Gabon, El Hadj Babacar Dieng en Centrafrique et El Hadj Abdou Ndiaye à Bamako. Selon le porte-parole de la famille Sy, Sérigne Abdou Azîz, « Maodo avait envoyé tous ses ténors de la Tijâniyya en leur demandant d'aller faire un sacrifice en continuant son oeuvre d'éducation spirituelle »[5] El Hadj Malick a réussi dans sa « mission » en donnant beaucoup d'importance à ce côté spirituel, mystique, qui aurait facilité l'acceptation de l'Islam dans cette région d'Afrique. La religion telle qu'il l'a enseignée n'est pas extérieure à la vie sociale, mieux, elle la “contrôle” et se manifeste en même temps dans tous ses secteurs (tels que le travail et les relations humaines). C'est pourquoi, il serait difficile, voire impossible d'analyser le rapport au religieux de ces sociétés à partir de schèmes spécifiquement occidentaux. Mouhamed Arkoun voit dans cette harmonie, le succès de l'Islam partout où il s'est implanté. Il soutient à ce sujet : « La croissance des sociétés musulmanes durant les siècles d'épanouissement de la civilisation musulmane ; et l'on peut dire que cette croissance a été harmonieuse dans la mesure où l'intervention du message religieux - de ce que j'ai appelé le noyau métaphysique - a été telle que la croissance économique n'a jamais pris le dessus, comme cela aura lieu dans la période moderne de l'Occident. Elle toujours été contrôlée par une pensée que l'on peut qualifier de religieuse dans la mesure où la pensée théologique, en particulier, a été constamment très forte et très présente dans la société au point d'assurer une sorte de contrôle de toutes les activités de l'existence socio-historique »[6] .C'est ce même facteur qui a facilité le travail de Cheikh El Hadji Malick lorsqu'ils a utilisé la religion musulmane et sa dimension spirituelle pour contrecarrer un des piliers de la politique coloniale française : l'assimilation de l'indigène.Aujourd'hui, bien que le français soit la langue officielle du pays, les représentants de l'Etat post-colonial, sont obligés de s'adresser au public en wolof surtout lors des grandes manifestations religieuses organisées par les confréries. Les marques de la colonisation semblent se limiter aux structures officielles de l' « Etat importé ». En tout cas, on est très loin d'une situation semblable à celle de l'Algérie où la francisation était visible et apparaissait même sur le plan toponymique. Au Sénégal, surtout dans les régions à forte implantation confrérique, on a plutôt constaté une islamisation des noms des villages et des quartiers. Seydi El Hadji Malick est parvenu à lutter contre l'assimilation à grande échelle quitte, parfois, à favoriser l'arabisation ou l'islamisation au détriment du modèle qu'avait voulu imposer l'occupant. Cette forme de résistance qualifiée de « passive » a une grande portée symbolique. Elle a d'ailleurs été à l'origine de la popularité rarement égalée dont jouit la Tarîqa et ses muqaddams. Si aujourd'hui on est parvenu à nous inspirer de cette tarîqa qui correspond aux conditions de notre époque et qui présente, selon Amadou Hampathé Bâ, « une analogie parfaite avec les trois piliers de l'enseignement des oulémas à savoir l'iman, l'islam et l'ihsân », nous devons rendre hommage à Seydi El Hadji Malick Sy. Il demeure, sans conteste, l'un des personnages phares de cette confrérie dont chaque disciple vertueux est une source intarissable de science, de spiritualité : une valeur sûre au service l'islam. Bakary Ibn Cheikh SAMBE Mbour Tél: Email: nangadef@hotmail.com – Chercheur à la Maison de l'Orient Méditerranéen, Professeur à l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon et à l'Ecole Internationale de Commerce et de Développement – Lyon France
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Khalifa Ababcar SY (RTA)
29/04/2009 23:43
“Dépuis ma naissance j'ai toujours adopté et suivi Allah, et le Grand Prophète (P.S.L). J'ai rempli tous mes devoirs réligieux sans défaillance aucune, vis à vis de mon créateur, J'ai appris à mes disciples à connaitre et à suivre l'Eternel. J'ai marché sans trébucher sur le Chemin tracé par mon père Seydi El Hadji Malick Sy et j'ai respecté toutes les recommandations divines”.
Cheikhal Khalifa Ababacar SY
Né à Saint-Louis en 1885, il était le second fils de El-Hadji Malick Sy et de Sokhna Rokhaya Ndiaye. Il succède à son père le jour même du décès de celui-ci : le 27 juin 1922 et est le premier au Sénégal à avoir porté le titre de Khalife Général des Tidianes. Il était âgé seulement de 37 ans, à son accès au Khalifat. Son autorité est reconnue par tous les Mokhaddam qui voient surtout, en sa personne l'héritier de la Baraka du vénéré El Hadj Malick. Élevé dans un milieu essentiellement religieux, ses études basées sur une foi naturelle et spontanée, en feront un fin lettré, d'esprit ouvert et tolérant, mais aussi un croyant fervent, convaincu du caractère spirituel de sa mission de chef de confrérie islamique. Guidé par sa droiture, il a su, par sa sincérité et sa foi, se forger un destin de meneur d'hommes. Il a été le premier à créer les "dahira", ces clubs mystiques où se forment les adeptes de la religion. il a toujours défendu, avec énergie et dévouement, trois choses : l'islam, la tarikha et les dahiras. Serigne Babacar Sy laissera le souvenir d'un grand savant mystique, à la probité et à la rigueur morale irréprochables. Il décède à Tivaouane le 25 mars 1957.
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LA QIBLA OU L'ORIENTATION VERS LA KAABA
14/02/2009 20:28
LA QIBLA OU L'ORIENTATION VERS LA KAABA
Au nom d'Allah, le Miséricordieux par essence et par excellence !
Le fait de s'orienter en direction de la qibla c'est-à-dire de de la Kaaba ou Bayt-Allah al Haram (la Maison Sacrée d'Allah) est une prescription dans l'accomplisssement de toute prière. Elle a été révélée au Prophète Mouhamed (PSL) dans les versets suiants : « Certes, nous te voyons tourner le visage en tous sens dans le ciel. Nous te faisons donc orienter vers une direction qui te plaît. Tourne donc ton visage vers la Mosquée Sacrée. Où que vous soyez, tournez-y vos visages. Certes, ceux à qui le Livre a été donné savent bien que c'est la vérité venue de Leur Seigneur. Et Allah n'est pas inattentif à ce qu'ils font » (Sourate Al Baqarah, La vache, verset 144) ; « Et d'où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée Sacrée. Et où que vous soyez tournez-y vos visages, afin que les gens n'aient pas d'argument contre vous, sauf ceux d'entre-eux qui sont de vrais injustes. Ne les craignez donc pas : mais craignez-Moi pour que Je parachève Mon bienfait à votre égard, et que vous soyez bien guidés ! » (Sourate Al Baqarah, La vache, verset 150).
Des savants musulmans ont considéré que l'orientation en direction de la qibla avait une vertu à la fois thérapeutique et spirituelle car d'une part, elle éclaire la vue et d'autre part parce que le Prophète Mouhamed (PSL) a enseigné que « la meilleure posture est celle qui s'oriente vers la qibla (la Maison Sacrée d'Allah) ». Ethymologiquement parlant, on l'a appelée qibla (face) en ce sens que celui qui accomplit la prière lui fait face. D'autres auteurs ont mis essentiellement l'accent sur la dimension symbolique de la qibla. En effet, par la prière dirigée vers un même centre, la Maison sacrée d'Allah, le musulman participe plusieurs fois quotidiennement à la réalisation où à l'expression de l'unité de la Ummah. Ce faisant, il se représente dans le même temps, à l'image de l'enfant qui est dans le giron de sa mère, qu'il est sous la protection du Prophète Mouhamed (PSL) et que celui-ci est dans la hadara (instance sacrée) d'Allah. Ainsi, il accomplit les mouvements rituels en guise d'adoration en faisant face, par le corps et l'esprit, à cette manfestation de la grâce divine qu'est la Maison sacrée d'Allah.
L'intérêt attaché à la détermination de la qibla a poussé les jurisconsultes musulmans à catégoriser les diverses situations dans lesquelles le musulman peut se trouver en quête de qibla. Selon les situations, on peut relever plusieurs formes de qibla :
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la « qibla originelle révélée » (tah-hiq) au Prophète (PSL) de s'orienter en direction de la Maison sacrée d'Allah comme il ressort des versets cités ci-dessus. Si la Kaaba indique le sens de la qibla, la prière dans ou sur la Kaaba doit être réglementée :
- La prière dans la Kaaba : il est licite de faire une prière sounna dans la Kaaba et dans le hidjr (muraille) de la Kaaba et dans n'importe quelle direction de la Kaaba. Mais il n'est pas licite pour les prières fardh (obligatoires) (farata), d'obligation personnelle (fardhou aïn) ou communautaire (fardhou kifaya) comme la prière funèbre qui devraient alors être recommencées dans leur temps propre. Cette règle a été interprétée différemment : selon certains jurisconsultes, la prière devra être répétée à vie tandis que pour d'autres, elle sera répétée en son temps seulement en cas d'ignorance et à vie lorsque cela a été fait délibérément.
- La prière sur la Kaaba : est nulle la prière fardh dite obligatoire (farata) faite sur le dos de la Kaaba c'est-à-dire sur sa terrasse ; elle devra être répétée à vie. Par analogie, est également nulle la prière de celui qui est monté sur une monture, sauf en cas de mêlée au cours d'un combat contre les infidèles ou en cas de crainte d'une bête fauve par exemple. Elle est alors licite, même vers une autre direction que la qibla. Mais si la personne en situation de crainte est de nouveau en sécurité, elle devra répéter la prière durant son temps.
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la « qibla constatée » ('iyane) est celle de celui qui prie en étant à la Mecque et dans ses environs (montagnes, cours d'eau, etc.) en face de la Maison sacrée d'Allah. Celui-ci se doit, dans la mesure du possible, de s'orienter, de tout, son corps en direction de la face de la Kaaba. Si le fidèle n'a aucun empêchement légitime (maladie, crainte), il n'a pas le droit de s'orienter approximativement en direction de la Kaaba ni de recourir à l'ijtihad car la possibilité de déterminer avec certitude exclut le recours à l'approximation. C'est ce qui explique que les rangées (sapé en wolof) de prières se fassent en cercle ou en arc autour de la Kaaba. Par conséquent, est nulle avec obligation absolue de la reprendre à vie, la prière accomplie par le musulman qui ne se sera pas complètement tourné en direction de la qibla alors qu'il en avait la capacité même s'il est malade. Toutefois, si sa maladie l'empêche de se tourner ou d'être tourné, il accomplira la prière au début du temps d'élection s'il n'a pas espoir de voir la situation changer et à la fin du temps d'élection s'il espère trouver assistance. Mais dans un cas comme dans l'autre, il reprendra la prière s'il trouve possibilitéde se tourner ou d'être tourné avant l'expiration du temps d'élection.
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la « qibla cachée » (istitâr) : on parle de qibla cachée pour désigner la situation dans laquelle se trouvent les habitants de la Mecque qui s'éloignent de la Maison sacrée d'Allah ou des habitants de Médine qui s'éloignent de la Mosquée du Prophète (PSL) et qui ne peuvent plus l'apercevoir à cause de la nuit, ou de l'impossibilité de monter sur un toit par exemple. Dans ce cas, ils pourront s'orienter en direction de la Kaaba en prenant comme repère les étoiles ou les montagnes environnantes ;
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la « qibla de consensus » (ijma') » reconnue à la Mosquée de Omar ibn Al Ace (qu'Allah l'agrée) en Egypte et qui a été déterminée par consensus des compagnons du Prophète Mouhamed (PSL) ;
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la « qibla déterminée par ijtihad » (effort) et qui correspond à celle de tout individu résident mais se trouvant en dehors des Lieux Saints de l'islam. Il se doit alors de tenter de s'orienter vers la qibla en sachant que selon le Messager d'Allah, « est qibla : tout point qui se trouve entre l'orient et l'occident s'il est orienté en direction de la Kaaba ». Toutefoi, si l'effort d'orientation conduit l'intéressé à une direction et malgré cela il s'en détourne délibérément, sa prière est nulle même s'il atteint la qibla et il devra la reprendre à vie. En revanche, si son effort le conduit à une direction qui se révèle après ne pas correspondre à la qibla, il ne reprendra alors que dans le moment de la prière si son erreur est manifeste (il a pris par exemple l'orient pour l'occident ou l'inverse). Ne devra pas recourir au taqlid (imitation ou autorité d'autrui) pour trouver la qibla, celui qui est apte à faire son propre ijtihad (effort personnel). Il ne se fondera même pas sur un mihrab sauf dans les grandes villes même s'il s'agit d'un non voyant ; il demandera des renseignements afin d'en faire des déductions personnelles. En revanche, celui qui ne remplit pas les conditions demandera et se fondera sur les dires d'un individu soumis à l'obligation de pratiquer (moukallaf) ou s'orientera sur un mihrab.
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S'il apparaît que l'intéressé a commis une erreur d'orientation et s'en aperçoit au courant de la prière, il doit l'interrompre. Toutefois, s'il a dévié de peu ou s'il est non voyant, il devra s'orienter convenablement vers la qibla sans avoir à interrompre la prière. Si l'erreur apparaît après la prière, il devra répéter la prière durant son temps d'élection.
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la « qibla de substitution » (badl) qui renvoie à celle du voyageur autorisé à raccourcir les prières (voyage de plus de 80 km ou 40 miles). Il est permis à ce voyageur à dos d'animal ou en palanquin de prendre comme qibla la direction de son voyage à la place de la vraie qibla pour les prières surérogatoires (nafila) et même pour le witr et les deux rakas de fajr (fadiar) et les prosternations lors de la lecture ou récitation du Coran. Il n'a pas besoin de se prosterner sur l'animal mais fera pour cela un signe en direction de la terrepeu importe si cette terre est pure ou non. Cette permission cesse lorsqu'une de ces conditions n'est pas réunie. Il est à préciser d'une part, que s'il se détourne volontairement et sans motif légitime de la direction de son voyage, sa prière sera nulle à moins que ce ne soit en direction de la qibla et d'autre part, s'il arrive à destination alors qu'il est en prière, il doit la continuer à terre. En outre, cette permission ne vaut pas lorsqu'on est en bateau : on devra alors se tourner vers la qibla, en même temps que celui-ci tourne, si possible ;
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la « qibla choisie » (takhyîre) renvoie à la situation de celui qui est incapable de le déterminer par ijtihad et qui ne trouve personne pour le renseigner, ni quelqu'un en prière à suivre, ni un mihrab pour en déduire la qibla ou la situation de celui qui fournit un effort (moujtahid) mais se trouve dans l'embarras. Il pourra choisir la irection de son choix ou bien prier quatre fois en direction de chacun des points cardinaux.
Fasse Allah que nous soyons parmi les connaisseurs dans la limite de nos capacités, parmi ceux qui reconnaissent la grâce dont Il nous comble et sont conscients de Son contrôle permanent sur nous, parmi ceux qui oeuvrent en prévision de l'Au-delà. Amine.
Extraits traduits des enseignements en arabe et en wolof, sur l'islam et la tariqa tidjaniya, du guide spirituel Serigne El Hadj Madior CISSE, responsable de la dahira Moutahabina Fillahi et disciple de Khalifa Ababacar SY (RTA).
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